Lors du récent festival South by Southwest à Austin, de nombreux experts en prospective technologique ont évoqué l'essor à venir de ce qu'on appelle le "spatial computing" ou l'informatique spatiale. Cette nouvelle forme d'interface homme-machine pourrait bien supplanter nos smartphones actuels dans les 5 à 10 prochaines années.
Le concept repose sur le port de lunettes ou d'un casque de réalité augmentée intégrant des écrans directement placés au plus près devant les yeux. Grâce à l'intelligence artificielle, ce dispositif permettrait d'interagir avec notre environnement de manière intuitive, en reconnaissant les objets, le texte, les expressions du visage, etc. Il pourrait par exemple nous permettre de faire du shopping en identifiant les produits qui nous plaisent dans la rue pour ensuite les acheter.
L'informatique spatiale promet aussi une révolution dans le multitâche, en nous offrant la possibilité d'épingler plusieurs écrans virtuels dans notre champ de vision pour travailler simultanément sur différents projets. Le domaine de l'éducation et de la formation profiterait également de ces nouvelles capacités de visualisation et d'interaction immersive.
Mais au-delà des simples applications, c'est un changement de paradigme dans notre rapport à la technologie qui se profile. Amy Webb, célèbre prospectiviste, évoque déjà la possibilité de créer notre propre univers virtuel personnalisé, à l'image du monde décrit dans la série Black Mirror. Un fantasme séduisant mais qui soulève des interrogations sur les risques de repli sur soi et de solitude accrus pour les générations à venir.
Si Apple a donné un avant-goût de cette vision avec son casque Vision Pro, ce n'est que la première itération d'une technologie appelée à se perfectionner. La clé résiderait dans l'intégration d'une intelligence artificielle générative capable d'anticiper et de susciter des actions de notre part, au-delà de la simple génération de contenu.
Pour beaucoup d'observateurs, comme Nicolas Diacono, l'informatique spatiale associée à l'IA pourrait bien représenter le futur de nos interfaces utilisateurs. Mais il conviendra d'éviter les écueils rencontrés avec les réseaux sociaux en termes de désinformation, manipulation des masses et dérives sociétales. La régulation et la responsabilisation des concepteurs seront indispensables pour développer cette technologie dans un cadre éthique et équitable pour tous.
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